Réapprendre à réfléchir ensemble
Albert Einstein disait : « Si j’avais une heure pour résoudre un problème, je passerais cinquante-cinq minutes à définir le problème et seulement cinq minutes à le résoudre. » Dans notre monde de la performance, nous sautons souvent trop vite à la solution sans vraiment comprendre les nuances des questions posées. Cette impatience est trop souvent dictée par un impératif de performance, d’efficacité et d’efficience. Pourtant, s’arrêter pour explorer et comprendre est crucial. Mais comment en développer le goût ?
Dans ma pratique de Business Coach, j’organise régulièrement des séances de groupe sur base de techniques d’intelligence collective. Le Codéveloppement professionnel fait partie de ces techniques que j’affectionne beaucoup. Lors de ces séances de groupe, on s’attarde à comprendre avant d’essayer de solutionner. Et pour comprendre, l’on pose des questions. Cerner le problème avant d’essayer d’y répondre. S’intéresser à la partie immergée de l’iceberg. L’acte de questionner et verbaliser permet de dépasser les clichés et les automatismes. Ces raccourcis qui empêchent de réorganiser la pensée et d’élargir le champ des possibles.
Notre cerveau veut aller trop vite. Réfléchir ensemble, c’est commencer par écouter, écouter vraiment. Dans une vidéo que j’adore, l’on suggère de concentrer 100% de ses capacités cognitives à écouter et entendre ce qui est dit et ce qui se dit. C’est contraindre notre cerveau à rester dans l’ici et le présent, et non à préparer notre prochaine réplique.
Habiter le monde fluctuant
Récemment, j’ai eu l’occasion d’assister à une conférence inspirante donnée par Olivier Hamant, biologiste et chercheur à l’INRAE. Invité par Le Cercle du Lac, Hamant a abordé un sujet qui me tient à cœur : la robustesse et son impact sur notre performance.
Quelle fraîcheur !
La robustesse se définit comme la capacité à se maintenir stable (sur le court terme) et viable (sur le long terme) malgré les fluctuations. (Olivier Hamant, Antidote au culte de la performance, Tracts Gallimard n°50, août 2023). La robustesse, loin d’encourager une adaptation frénétique aux fluctuations sociales et financières, propose une approche plus posée. Elle nous invite à renforcer notre capacité à se maintenir solides face aux défis, une notion qui résonne étrangement bien dans notre vie professionnelle.
La robustesse serait la réponse opérationnelle aux fluctuations sociales, financières, sanitaires, écologiques, énergétiques ou géopolitiques. Olivier Hamant invite à prendre de la hauteur : envisager le progrès de l’humanité non plus par des gains de performance et par la suroptimisation, mais par des gains de robustesse, contre l’optimisation. C’est quitter l’époque du burn-out pour entrer dans le monde du respect de notre tempo, de notre ontologie, de nos liens.
Robustesse et Flexibilité en Entreprise
Pour les entreprises, la robustesse signifie créer des structures capables de résister aux chocs sans nécessiter de réajustements constants. Cela implique de promouvoir la diversité des idées et des compétences, ce qui permet d’être mieux préparé aux imprévus. Il est également crucial d’encourager un environnement d’apprentissage continu, qui fait partie intégrante de la culture organisationnelle.
En adoptant cette approche, les relations de travail et les structures d’entreprise se concentrent sur la pérennité et la durabilité, plutôt que sur une performance rapide et les résultats immédiats.
Leadership et Relations Commerciales Bénéfiques et Stables
C’est la volonté de s’inscrire dans la durée et de faire face aux fluctuations. Se dépasser avec les autres, construire la robustesse du groupe sur les contradictions internes. C’est passer de la compétition (dépasser les autres) à la coopération (se dépasser avec l’aide des autres). Dans les relations commerciales, cela implique d’ériger des partenariats durables bâtis sur la confiance et la compréhension mutuelle, plutôt que sur des transactions ponctuelles. Grâce à des structures décentralisées, les entreprises peuvent être plus agiles et réactives, capables de gérer les perturbations en évitant de se retrouver à la merci d’un point central unique et vulnérable.
Dans la relation commerciale, c’est penser au long terme, construire la confiance au fil du temps et non rechercher la transaction immédiate. C’est comprendre avant de vendre, et faire comprendre que l’on est sincèrement intéressé par ce qui se vit et se passe au sein de l’entreprise, identifier les enjeux et comprendre ce qui se joue pour les personnes avec lesquelles on interagit. Cela relève de l’écoute active et du questionnement puissant.
55′ pour définir le problème et 5′ pour trouver la solution.
C’est passer plus de temps à définir les questions afin d’éviter de sauter trop vite à la (mauvaise) solution. Réfléchir ensemble, avancer pas à pas dans la co-construction de la solution. Collaborer plutôt que concurrencer et apprendre de façon permanente.
Vous souhaitez impulser un management plus participatif grâce au Codéveloppement professionnel, rendre vos équipes plus autonomes, développer l’écoute active et le questionnement puissant ?

Eliseo Manfron, Business Coach.
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